François Ozon, dans son dernier film Jeune & Jolie, nous propose un récit qui peut nous intéresser à plus d’un titre. Il y esquisse le portrait d’une jeune fille peu banale et très actuelle, mais il nous conduit également à penser en suggérant, en créant des impasses, en pratiquant le hors champs et l’art de l’ellipse. Le cinéaste vient ainsi prendre le spectateur dans les filets de sa propre curiosité, de ses capacités d’identification, de son empathie, de son trouble, de sa morale. Au delà, et lorsqu’on s’intéresse à la clinique de l’adolescent, il y a la possibilité d’une lecture d’un défi adolescent. Défi au sens d’une position de défense et de défiance face à ce qui vient bousculer et obliger à l’adolescence, à savoir la sexualité.
Intéressant également parce que, à la présentation du film à Cannes au printemps 2013, Ozon a défrayé la chronique. Un feu de paille certes, mais dont on peut imaginer que les propos échangés étaient assez révélateurs de ce que l’époque véhicule quant aux idées sur la prostitution.
François Ozon, a dit lors d’une interview que le « fantasme de prostitution est très fréquent chez la femme ». Dit comme ça en passant, Ozon répondait à la question de la vraisemblance de l’histoire, son propos a été entendu comme une pure provocation. Le tollé est à la mesure de notre temps où il est difficile d’évoquer les questions de sexualité et de transgression sans être entraîné dans les rapides d’une étrange morale. Alors, lorsqu’il s’agit d’une jeune fille mineure et de commerce de son corps et ce à son corps consentant, le politiquement correct ne peut l’entendre et reprocherait presque à Ozon d’avoir osé une représentation aussi peu acceptable dans les canons actuels. Ozon s’est vu contraint de se dédire.
À quoi rêvent les jeunes filles d’aujourd’hui, donc ? Peut-être Ozon a provoqué cette petite vague parce que son personnage est une adolescente qui « a tout », et cependant transgresse en vendant son corps de son plein gré et avec une certaine créativité proposée par internet. Pour être conforme aux idées du moment, ne devrait-elle rêver qu’au grand amour ou incarner un fantasme de pureté ? En d’autres temps, Buñuel faisait aussi scandale avec Belle de jour, mais ce qui semble faire surtout scandale aujourd’hui c’est qu’il puisse exister des fantasmes dans la tête des jeunes gens qui montrent le caractère polymorphes de la sexualité comme le démontrait Freud. Le « fantasme de prostitution » est un grand mot qui fait écho avec une idée de la perversion. Autrement dit ce qui serait acceptable serait qu’elle soit forcée par un tiers, une personne de mauvaise intention ou la nécessité économique de payer ses études, ainsi que cela se passe dans le film Elles de Malgorzata Szumowska, acceptable encore ce que Buñuel a mis en scène dans Belle de jour, Séverine, une bourgeoise qui s’ennuie.
Or, dans cette histoire personne ne force Isabelle, elle trouve cela presque toute seule et l’histoire est vraisemblable, juste même dans les moments limites où la caricature pourrait pointer son nez.
Parler de fantasme génère souvent un malentendu. Quand Ozon évoque le fantasme de prostitution, il parle de ce qui s’opère dans la tête pour se représenter la sexualité. Le fantasme est une production psychique, une fantaisie de l’esprit, une mise en scène de l’esprit, souvent ‑faut-il le rappeler – inconsciente, et Ozon le sait bien. Mais ce que son personnage nous donne à voir, c’est d’abord un acte, un agir et non pas tout à fait encore un fantasme.
À l’adolescence, observer des passages à l’acte bien avant la constitution d’un fantasme sous-jacent est un phénomène courant. L’acte vient pallier à l’absence de pensée. Car les adolescents, en train de négocier leur être avec la question cruciale de la sexualité, n’ont pas forcément une grande disponibilité de pensée, le corps occupe toute la scène. Ces agirs ont une valeur d’appropriation de soi, une tentative d’élaboration par l’expérience de ce qui effraie, inquiète, persécute. La constitution de la sexualité passe par des tentatives mises en acte, mais aussi des détours fantasmatiques qui, s’ils peuvent sembler déroutants, n’en sont pas moins multiples et structurants. La quête de sa propre valeur offre parfois des chemins complexes, et l’imaginer dans l’échange sexuel fait partie d’un jeu de représentations au même titre que des scénarios imaginaires sur l’exhibition de soi dans un jeu de télé réalité, ou au volant de grosses et luxueuses voitures par exemple.
Revenons au film. Comme souvent chez François Ozon, les acteurs sont formidables. La jeune actrice Marine Vatch qui incarne Isabelle, 17 ans, glisse légèrement en déséquilibre dans ce jeu trouble avec un naturel confondant. La forme du film, classique, en 4 saisons comme 4 actes nous donne l’idée d’un déroulement dynamique, rythmé comme un passage d’une époque à une autre.
Premier acte : été. Isabelle a besoin d’évacuer la question de sa virginité, évacuer c’est surtout s’en débarrasser. Une première relation, choisie pour ce qu’elle aura d’éphémère, un jeune allemand en vacances dans le midi. Elle y séjourne avec sa famille, mère, beau-père, leur couple d’amis et leurs trois jeunes enfants. Le milieu est posé, bourgeois, éduqué, attentif. Et puis, il y a le jeune frère d’Isabelle , lui aussi dans un éveil à la sexualité, qui suit passionnément l’histoire de sa sœur qu’il observe, espionne avec une curiosité toute à son âge . Histoire dont Isabelle ne fait pas toute une histoire, elle confie à son frère des bribes mais protège ses secrets, et montre clairement une opposition à sa mère qui aimerait bien, elle aussi, savoir, parce qu’elle se sent proche de sa fille et qu’elle imagine que celle-ci traversera mieux cette période si elles sont proches et complices. Isabelle ne veut pas de cette complicité, parce que « c’est ma vie », dira-t- elle.
Le cadre est posé. L’action se déroulera avec ce partenaire d’une première fois, un soir d’été sur une plage. On la voit passive, en attente de quelque chose qui ne viendra pas, mais cela se fait. Pas de larmes mélodramatiques sur cette question mais un dédoublement d’elle même, une inquiétante étrangeté au sens freudien qui la montre saisie, perplexe et curieuse à la fois. Ozon possède cet art brillant de donner au fond une forme classique au service de ses personnages, sans pathos ni atermoiements, une forme au service de la narration qui laisse au spectateur toute la part mystérieuse de cette intériorité qu’Isabelle, elle-même, ne comprend pas.
L’automne arrive, tout en ellipse, on retrouve Isabelle, dans le couloir d’un hôtel de luxe , en tailleur noir et escarpins vernis, chancelante. Sans savoir s’il s’agit d’un effet de la moquette trop épaisse du couloir ou son trouble qui la font vaciller, on perçoit la tension de l’inquiétude et celle de l’inexpérience. George, premier client à l’écran, s’excuse d’être plus âgé, lui trouve de « très beaux yeux…mélancoliques. » Dès lors, on sait qu’il aura avec celle qui désormais s’appelle Léa, une bienveillance, bluffé par sa beauté, sa jeunesse et son trouble.
S’en suivent d’autres clients, moins séduits, moins séduisants, plus humiliants. Tout ne se passe pas toujours très bien, mais dans l’ensemble elle maîtrise cette composition d’un double qui se fait payer par des inconnus en échange de services sexuels.
Hiver, elle sera découverte. Police, mère, psychanalyste deviendront ses interlocuteurs. Isabelle change de registre et s’essaye à des provocations, transgressions encore plus directement adressées à son entourage.
Puis le printemps, peut-être une ouverture vers ce qui serait « de son âge » et de son registre, le partage d’un amour adolescent. Mais peut être seulement, car tout est esquissé, y compris une forme de culpabilité et de pardon, néanmoins la question ne sera pas réglée. Isabelle a touché du doigt le pouvoir que sa sexualité marchandée lui confère et l’excitation qu’elle procure. Y renoncer trop vite est sans doute renoncer à un triomphe narcissique qu’elle goûte encore.
Raconter un film c’est déjà trop le dévoiler, restons en-là donc, à cette idée de quatre saisons, quatre temps qui donnent à entendre la dimension processuelle et qui ne sera pas aboutie à la fin du film, mais posée comme une ouverture de possibles, d’issues et probablement d’impasses.
Claude Autant Lara aimait à dire que la morale est la somme des préjugés du siècle précédent ! Il y a aujourd’hui quelque chose de scandaleux à penser qu’une jeune fille qui a « tout » pourrait s’adonner à la prostitution de son plein gré. La morale voudrait laisser entendre que se prostituer est dans l’acte, la prolongation d’un certain misérabilisme, économique, social. Une oscillation entre mal chance ou mauvaises rencontres, faite de pathos et faisant seulement des victimes. Si dans la réalité c’est, le plus souvent, malheureusement vrai , là dans la fiction, c’est une autre histoire. C’est le parfum de scandale qu’Ozon réveille. Isabelle est assez parfaite, belle comme peu, une famille formidable, aimante, socialement favorisée, lycée Henri IV, vacances dans le midi… À peine est esquissée l’absence d’un père qui néanmoins paye la pension, lui donne d l’argent mais qu’Isabelle voit très peu.
Alors qui est-elle pour jouer à ce jeu trouble ? Sommes-nous dans un registre pathologique à mi-chemin entre une hystérie des limites très contemporaine, et la mélancolie ? Ou sommes-nous face à une jeune fille en quête d’expérience de sa féminité, expérience pour s’approcher d’elle même, s’éprouver, se prouver, en recherche de sensations pour exister, pour maîtriser ce qui échappe ?
La traversée adolescente réveille souvent un besoin de transgression. Aujourd’hui il ne viendrait plus à l’idée des adultes d’être offusqués par la sexualité des adolescents et même lorsqu’elle revêt des formes variées voir exhibées. Tolérance et compréhension priment. A ce titre, le film envisage le besoin de transgression d’Isabelle s’exprimant en allant un cran au-dessus de l’univers autorisé. Elle choque, laissant les adultes autour d’elle abasourdis et dérangés, sa mère dit dans un murmure d’effroi « ma fille a le vice en elle ». Si elle le fait pour elle seule dans un premier temps, lorsque elle se retrouve confrontée au regard des autres, elle en tire une satisfaction qui tient dans sa provocation, comme un message adressé aux adultes, qui pourrait être « puisque tout est permis et que vous imaginez tout savoir de moi, je peux faire plus fort encore ».
Transgresser peut être à l’adolescence une nécessité vitale et la condition d’une survie psychique pour pouvoir grandir, se séparer de sa famille, aller à la rencontre des autres. Isabelle semble nous dire que la sexualité s’affronte seule et tous les regards attendris de la famille ne font que l’éloigner de ses proches. C’est son histoire, sa vie, elle revendique son autonomie et trouve un moyen, somme toute déroutant voire audacieux, mais qui semble plus l’aider dans l’appropriation d’elle-même et de sa subjectivité que tous les encouragements que pourraient lui prodiguer les siens.
En plaçant d’emblée le spectateur dans une scène où la curiosité est à l’œuvre, curiosité sexuelle au travers du regard du jeune frère, Ozon joue avec nous en nous indiquant le rôle non négligeable de la pulsion scopique. Lorsque Isabelle se regarde dans ce premier rapport sexuel, le dédoublement proposé nous entraine à la suivre dans l’incompréhension, voir le scepticisme qui l’habite soudain face à la rencontre sexuelle. Au fond ça ne serait que ça, deux corps en train de s’agiter. Elle est déjà sans illusion mais déterminée à comprendre. Elle veut tout savoir, tout connaître, maîtriser le sexe au même titre qu’un art et lui donner un statut de connaissance qui lui permet d’évacuer l’ennui et l’indifférence dans lequel elle a été plongée, en somme, une tentative de sublimation.
En passant par la constitution d’un double, Isabelle devient Léa, celle qui se montre pour attirer ses clients sur internet. Elle peut ainsi évoluer dans une illusion de liberté et expérimenter la sexualité. Au delà, par cette projection sur son double, elle met en scène son besoin de tester et de connaître sa valeur. Question fondamentale dont elle fait une marchandise nette : ce qu’elle donne d’elle même, elle le vend, le marchande. Elle peut même le moduler en face de ses clients. En augmentant ses tarifs après avoir été humiliée, ne nous dit-elle pas, un certain masochisme certes, mais pas à n’importe quel prix…
Et l’angoisse et la peur dans tout ça ? Elle semble se mouvoir sans connaître la souffrance. Elle est tour à tour inquiète, fébrile, mais si elle a peur, elle nous le montre peu. Elle est même assez brave, assez courageuse. Peut-être au prix d’un clivage un peu drastique, elle nous défie, sans laisser beaucoup de place à ce qui serait angoisse et souffrance.
Isabelle se cherche dans les hommes, dans le sexe, dans l’argent. Elle survit dans son monde, légèrement à côté d’elle même, mais sans jamais se faire trop de mal. Elle cherche à se sentir exister, à éprouver les limites, fascinée par ce que le rapport sexuel a de central, mais sans jamais encore vraiment trouver l’autre, au sens d’une altérité. C’est la mise en scène de la conquête de son identité au travers de l’exploitation de ses charmes. Elle séduit, en éprouve plaisir et gratifications. Elle cherche à se découvrir, se connaître avant de pouvoir réellement partager, exister avec l’autre, un autre. Elle construit un parcours de sa propre interrogation en face de sa féminité, qui s’il peut paraître une tentative perverse d’exprimer sa toute puissance n’en est pas moins une tentative d’appropriation de soi dans un refus de la passivité.
L’hypothèse de la mélancolie est esquissée dans le film, une esquisse qui a une coloration romanesque mais qui donne néanmoins à penser son histoire plus chargée d’ombres et de pertes. Cette mélancolie n’est peut-être que le reflet de la déjà trop lourde perte de ses illusions. On pourrait être tenté de la rapprocher de ce qui est notifié dans le récit, l’absence du père. Absence banalisée puisqu’il manifeste sa présence en s’acquittant de ses devoirs de père par le biais de l’argent. Il y a bien un beau-père qui semble rassembler de nombreuses qualités et notamment celle de ne pas prendre la place du père. En même temps, c’est avec le beau-père qu’elle jouera la carte de la séduction plaçant la rivalité œdipienne à un niveau de réalité et non plus de fantasme. Dans cette configuration familiale, Isabelle pourrait hypothétiquement séduire vraiment son beau-père, et jouer ainsi une séduction dangereuse où la mère serait désavouée et maintenue en rivale réelle et possible. Le père d’isabelle participe probablement par son absence à la tonalité mélancolique, comme une scène à trois qui ne pourrait être jouée et qui s’actualise dans l’illusion narcissique d’avoir tous les hommes et d’être la rivale de toutes les femmes. On pourrait même penser que cette absence vient renforcer un fantasme infantile de séduction qui finit mal puisque le père abandonne, rejette, maintient à distance. Là encore Isabelle trouve un moyen de transformer la passivité en activité. On voit bien dans ce jeu d’hypothèses l’importance qu’il faut maintenir au statut du fantasme, qui n’est pas la réalité, fantasme éminemment nécessaire à la construction de l’identité. L’adolescence en étant un moment essentiel et central puisque le fantasme peut de fait, plus facilement rencontrer la réalité de par l’arrivée de la maturité sexuelle.
En somme, ce que le film nous donne à voir, c’est une « folie » adolescente. Son symptôme, qui est en soi une solution, certes audacieuse et dangereuse, pourrait être cette forme moderne de prostitution. C’est cette solution paradoxale qui intrigue mais pourrait être la mise en scène de la conquête de son identité sexuée, une traversée chaotique vers la conquête du féminin , ou comment une jeune fille d’aujourd’hui à la fois curieuse et perplexe retourne une situation vécue comme une épreuve passive en sexualité active parfois avec inquiétude et fébrilité , mais aussi avec provocation et triomphe. Pas banal comme solution, mais néanmoins très proche des solutions narcissiques rencontrées dans la clinique de l’adolescence, où l’agir, le passage à l’acte avec le corps mis en avant, devient une manière de s’éprouver, puis de se penser dans une réalité où d’emblée la sexualité est posée comme une évidence, alors que cela n’en est jamais une. C’est aussi le défi qui est proposé par Isabelle à son double Léa, comment réduire la tension et le travail que nécessite le passage de la jeune fille à la femme, comment se jouer des paradoxes où l’expérience de la sexualité oscille entre désir et défense, entre envie et interdit. Loin d’être folle, Isabelle n’en joue pas moins cette folie.
Lorsqu’elle ira voir un psychanalyste, seul personnage à ne pas être un acteur puisqu’il s’agit de Serge Hefez, dans son propre rôle de psychanalyste. Elle décrira son comportement à l’instar d’un drogué qui prépare son shoot, tout est dans la préparation, la mise en place, l’attente de l’expérience et puis l’envie d’y retourner pour retrouver l’excitation, la sensation qui abaissera la tension. Encore et encore. Récits qui peuvent être ceux des adolescents qui se scarifient, les fumeurs de cannabis, les boulimiques, ceux qui ont des pratiques de sexualité compulsive, et de bien d’autres formes. Les psychanalystes de l’adolescence connaissent bien ces tentatives d’élaboration où il s’agit d’une gestion souvent paradoxale d’une économie interne, bousculée par les changements du corps, par la rencontre avec les autres, par la nouveauté de la sexualité. Il s’agit de gérer une excitation interne sans forme, lui donner une forme par un comportement symptôme qui justifie la difficulté d’être à ces âges, une façon d’évacuer l’émotion.
Isabelle en en faisant le récit à ce psychanalyste trouvera (ou retrouvera) le chemin d’une émotion sincère et aura dans l’après coup la possibilité d’exprimer les marques de sa tristesse. Cette rencontre signe ses retrouvailles possibles avec elle-même, ses affects, ses pensées. En se racontant à un tiers, les clivages peuvent se réduire et l’affect advenir. En d’autres termes, sa possibilité de se déprimer, la remet en lien avec son surmoi, elle-même et ses objets, effaçant, pour un temps seulement peut être, la seule prédominance du triomphe narcissique.
Cinéma et psychanalyse peuvent avoir un dialogue fructueux, tous deux racontent une histoire, et permettent une mise en représentation de l’inconscient. Si avec la psychanalyse, l’accès à l’inconscient se fait par le langage, le cinéma a la possibilité de toucher l’inconscient également par l’image.
Le spectateur devant un film a sa perception propre, et s’il est passif physiquement, il est sollicité pour être très actif psychiquement. Entre projection et identification sur des personnages imaginaires, le spectateur n’en imagine pas moins que ce qu’il voit à l’écran a l’apparence de la réalité. C’est une illusion permanente d’où le cinéma tire probablement une grande partie de son succès.
François Ozon tout au long de son film joue avec le spectateur pour maintenir cette tension en lui, il y a des blancs à combler, du hors champs, des ellipses, des jeux sur la curiosité, des récits lacunaires, une part de mystère à décoder. Chacun peut donc avoir sa part d’interprétation. En cela ce texte n’est qu’un fil hypothétique, une construction, une lecture possible du film qui se garde d’en enlever la part mystérieuse crée par l’objet filmique même. D’ailleurs, une énigme ultime dans le film vient presque proposer l’idée que tout cela, tout ce qu’elle vient de vivre, aurait pu aussi bien être une rêve…