Exposition : l’impressionnisme numérique d’Amélie Petit Moreau

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La série d’œuvres d’Amélie Petit Moreau expo­sée à la gale­rie A+E à Paris IIIe du 25 juillet au 10 sep­tembre 2024 rend compte du carac­tère évo­lu­tif et mou­vant de son tra­vail artis­tique qui place la recherche et l’exploration au cœur de son pro­ces­sus créa­tif. L’utilisation et l’entremêlement de diverses tech­niques, allant de la gra­vure à l’holographie, en pas­sant par la pho­to­gra­phie, la sca­no­gra­phie, ou encore l’impression, n’ont pas pour voca­tion de maî­tri­ser le sujet qu’elles per­met­traient à prio­ri de repré­sen­ter mais bien plu­tôt de lais­ser sur­gir, grâce à leur mani­pu­la­tion obs­ti­née tout autant que mobile, des images abs­traites qui ques­tionnent le rap­port de notre regard pris dans cette dia­lec­tique indé­pas­sable du visible et de l’invisible.

La modi­fi­ca­tion et l’altération d’une image de départ dévoilent dans ses déchi­rures de nou­veaux contrastes qui s’ouvrent sur des vides aus­si bien lumi­neux et obs­curs que sur des cou­leurs pri­maires et satu­rées, révé­la­teurs de traces qui pour­raient être celles d’un futur où la maté­ria­li­té du vir­tuel signe­rait le point de pas­sage au-delà de la repré­sen­ta­tion. À mesure que les plans se super­posent et se fis­surent, des bruits s’immiscent depuis le fond des nou­veaux inter­stices créés, bou­le­ver­sant l’ensemble de la dyna­mique de l’œuvre dont on com­prend qu’elle est en per­pé­tuelle muta­tion.

Son che­mi­ne­ment inces­sant et ciné­tique, qui n’est pas sans évo­quer celui des meilleurs alchi­mistes, dont Anselm Kie­fer se fait le repré­sen­tant contem­po­rain, l’a pro­gres­si­ve­ment ame­née à se tour­ner vers le médium holo­gra­phique, éri­geant ain­si la lumière et l’enregistrement de ses ondes en sujet à part entière. La com­plexi­té et la fra­gi­li­té de cette tech­nique ren­forcent encore davan­tage l’expérience de la tra­ver­sée de la dimen­sion phy­sique que son tra­vail semble ten­ter de réa­li­ser. L’hologramme qui émerge par tout un jeu de réflexions et de pro­jec­tions, se fait mémoire vibrante et insai­sis­sable de l’œuvre-objet, disparu.e et pour­tant tou­jours visible.

© Amé­lie Petit Moreau

Amé­lie Petit Moreau invite notre œil à se perdre dans les dif­fé­rentes strates d’une fouille de la chose ana­lo­gi­co-numé­rique qu’elle nous pré­sente comme autant d’empreintes fos­si­li­sées. Pour­tant de ces dévoi­le­ments suc­ces­sifs nous sai­sis­sons, non sans ver­tige, que la réso­lu­tion du mys­tère est vouée à demeu­rer hors champ. Et c’est bien cette révé­la­tion qui est au fon­de­ment de son véri­table geste artis­tique.

Du 25 juillet au 10 sep­tembre 2024.
Gale­rie A + E
9, rue des Arque­bu­siers 
75003 Paris