Les enfants de la psychanalyse sont Charlie

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Urgence, émo­tion et conster­na­tion… Alors que les voix et les applau­dis­se­ments de mil­lions de per­sonnes s’entendent encore dans les rues de Paris, il est néces­saire de témoi­gner, d’é­crire, de pen­ser, bien qu’en­core sous l’ef­fet de la sidé­ra­tion, les psy­cha­na­lystes que nous sommes ne peuvent faire l’é­co­no­mie d’une pre­mière réflexion.
Au cœur de notre cité, vous le savez, des hommes et des femmes viennent d’être assas­si­nés par des ter­ro­ristes isla­mistes de la façon la plus odieuse : cer­tains à cause de leur pas­sion pour la liber­téd’autres en rai­son de leur condi­tion de juif, et d’autres encore dans l’exer­cice de leurs fonc­tions.

Depuis mer­cre­di, nos cabi­nets reten­tissent des éclats de ces attaques. Les patients, adultes comme enfants, expriment leur tris­tesse et leur conster­na­tion. Si ces évo­ca­tions résonnent dif­fé­rem­ment selon l’histoire et les par­ti­cu­la­ri­tés de cha­cun, nous sen­tons aus­si que nous vivons un trau­ma col­lec­tif  s’étant ins­crit pour tou­jours. Nous sommes ame­nés à nous inter­ro­ger sur le sens à don­ner à ce moment et sur le rôle que nous psy­cha­na­lystes pou­vons jouer face à cette agres­sion contre la vie et la liber­té de pen­sée.

Car à défaut de ne pou­voir tuer les idées on tue ceux qui les incarnent. Et au-delà, en atta­quant Char­lie Heb­do, c’est un cer­tain état d’es­prit, la pos­si­bi­li­té de l’in­so­lence, de l’in­sou­mis­sion, qui plus est par l’hu­mour, qui a été atta­quée. Quelque chose a chan­gé ces der­niers jours : la liber­té nous appa­raît tout d’un coup comme plus fra­gile et plus exi­geante, une affaire de vie ou de mort.  Il n’est  plus pos­sible de nous réfu­gier dans l’idée que cela se passe ailleurs et autre­fois. Cela se passe ici et main­te­nant. Le monde est défi­ni­ti­ve­ment connec­té et il est vital de nous enga­ger encore plus, y com­pris ici sur Les enfants de la psy­cha­na­lyse, pour que cette liber­té soit reven­di­quée, dans la cité comme dans nos cabi­nets.
Notre der­nière news­let­ter s’intitulait « Vio­lence dans tous ses états ». Nous étions loin de pou­voir ima­gi­ner tout ce débor­de­ment.

L’équipe des enfants de la psy­cha­na­lyse se joint à l’é­lan de soli­da­ri­té et au sur­saut démo­cra­tique qui a dépas­sé les fron­tières de la France. Un élan qui est une conso­la­tion et un mes­sage d’espoir pour tous les amis de la liber­té.

Nous vous pro­po­sons de suivre éga­le­ment, les écrits de nos confrères du site www.aspasia.fr, avec notam­ment un édi­to­rial de Samuel Lepas­tier,  une inter­view de Cabu, et un hom­mage à la psy­cha­na­lyste Elsa Cayat .

Et aus­si, à lire l’in­ter­view que Jacques André a accor­dé à Libé­ra­tion sur :
http://lesenfantsdelapsychanalyse.com/fondamentaux/questions-contemporaines/91-dieu-c-est-un-autre-nom-pour-le-surmoi-jacques-andre