Psychanalyse du foot et analyse d’émois

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Lorsque Freud écrit « Psy­cho­lo­gie des foules et ana­lyse du Moi » en 1921 c’est avec conster­na­tion en face des ravages de la guerre. Il y est ques­tion du meneur et de l’i­den­ti­fi­ca­tion à celui-ci. A l’heure des réseaux et de l’im­mé­dia­te­té de l’in­for­ma­tion, les foules se ras­semblent tou­jours vir­tuel­le­ment et réel­le­ment. Mais ça n’est plus un meneur, mais des iden­ti­fi­ca­tions plu­rielles et mul­ti­cul­tu­relles qui ont fait des­cendre les foules dans la rue pour la Coupe du Monde, pro­vo­quant des élans soli­daires, des sen­ti­ments de « puis­sance invin­cible ». Car­na­val régres­sif et exal­tant autour d’une âme col­lec­tive, où l’am­bi­va­lence le temps d’une coupe du monde est rava­lée et réser­vée aux équipes adverses. 
Après les réac­tions aux atten­tats, une nou­velle foule se mobi­lise. Bigar­rée et bleu blanc rouge, fil­mant et pho­to­gra­phiant chaque ins­tant, les liens se res­serrent, une réuni­fi­ca­tion natio­nale s’o­père, fai­sant fi le temps d’une célé­bra­tion, des dis­sen­sions, cli­vages et dépres­sions poli­tiques. 
Perdre ou gagner ? Mou­ve­ments d’os­cil­la­tion et tout d’un coup vic­toire ! Il ne s’a­git plus d’un rêve mais d’une réa­li­té avec un avant et un après… La psy­cha­na­lyse a connu des mou­ve­ments de triomphe qui ont pu faire pen­ser que sa place était assu­rée… Elle a connu aus­si des moments cri­tiques, sans suc­cès avec la crainte que d’autres dis­ci­plines pour­raient l’é­li­mi­ner. 
Deuxième fois « cham­pions du monde », la France ne boude pas son plai­sir, et nos cabi­nets ont enten­du ces mou­ve­ments d’é­mo­tions col­lec­tives, ces rejets, ces admi­ra­tions. Vic­toire et nais­sance d’une nou­velle géné­ra­tion avec laquelle mal­gré l’im­mé­dia­te­té, l’é­cra­sante pré­sence des images et l’ac­cé­lé­ra­tion du temps, les psy­cha­na­lystes conti­nue­ront d’oc­cu­per une place impor­tante auprès de ceux qui seront en recherche de sens, d’a­na­lyses, de cri­tiques et d’une parole poli­ti­que­ment incor­recte…